Dans l’antre des murs sacrés de la Cathédrale Américaine de Paris, Willy Chavarria signe une entrée pour le moins retentissante dans le calendrier officiel de la Fashion Week parisienne. Pour ce coup d’essai qui marque également les dix ans de sa marque, le créateur américain a livré une collection “Tarantula” où la rue s’invite dans les codes de la haute couture avec une maestria rare.

De la force tranquille à la rébellion

La métaphore est puissante : comme cette araignée incomprise, “une créature douce qui ne fait rien jusqu’à ce qu’on la provoque”, selon les mots du créateur, la collection célèbre la beauté des marginalisés. Un message porté par des silhouettes où le velours sang entre en collision ou en dialogue avec la laine noire, où les épaules généreuses des costumes du dimanche rencontrent l’élégance et la volupté.

L’influence du Caravage irrigue chaque look, dans un jeu de clair-obscur savamment joué. Les vestes aux épaules marquées côtoient des chemises aux cols affûtés, tandis que les foulards ajustés et les chapeaux de cowboy ponctuent les galbes d’une élégance rebelle. La collaboration avec Adidas atteint ici de nouveaux sommets, les pièces sportswear s’intégrant naturellement dans cette vision haute couture, notamment à travers la réinterprétation de la sneaker Forum.

Les femmes ne sont pas en reste, avec des tailleurs ajustés, des jupes crayon incisives et des robes bustier qui marquent une évolution, non pas un virage, dans l’ADN de la marque. “Ce ne sont pas des vêtements pour femmes, mais des vêtements plus attentifs aux silhouettes féminines”, précise Chavarria. Pour l’homme del barrio, c’est bien différent.

Un acte d’activisme social

Le défilé s’ouvre sur une bande-son percutante : le sermon de l’évêque Mariann Edgar Budde à Donald Trump, plaidant pour la miséricorde envers les immigrants et la communauté LGBTQ+. Un choix osé qui positionne la collection dans son temps, rappelant que la mode selon Chavarria est avant tout un engagement social.

Le casting, délicieux mélange de personnalités établies et de visages découverts dans les rues de Paris et New York, incarne cette vision inclusive. Indya Moore, Honey Dijon et la superstar colombienne J Balvin (qui offre une performance live pendant l’entracte) portent ces vêtements avec une authenticité qui excède le simple exercice de style.

“Si vous êtes une femme, une personne queer, trans, une personne de couleur ou défavorisée – ce sont les personnes que j’aime mettre en scène”, affirme le créateur. “Ceux d’entre nous qui savent ce que c’est d’être considérés comme inférieurs.”

Dans un geste aussi malicieux que significatif, Chavarria intègre ses propres pièces vintage, dénichées sur eBay, à la collection. Une démarche qui fait écho à sa philosophie anti-surconsommation et qui inscrit son travail dans une continuité stylistique plutôt que dans l’éphémère des tendances. Cette réappropriation du passé se manifeste également dans la collaboration Adidas, où la Forum, “la plus sexy des chaussures Adidas” selon le créateur, se voit réinventée en six variations allant de la sneaker classique à la botte de combat.

Dans les rues de Paris, une Chevrolet Impala rouge, véritable lowrider emblématique, sillonne la ville, distribuant des pièces en édition limitée de la collaboration Adidas Originals x Willy Chavarria. Un clin d’œil à la culture Chicano qui rappelle que, même au sommet de la mode parisienne, Chavarria reste un hombre real et fidèle à ses racines.

Pour ne pas oublier

Au-delà des applaudissements qui résonnent sous les voûtes de la Cathédrale Américaine, ce premier défilé parisien de Willy Chavarria marque un tournant. Non pas simplement pour la marque qui célèbre ses dix ans, mais pour la mode elle-même. En portant son message “How we love is who we are” (inscrit sur son t-shirt lors du salut final), le créateur prouve qu’il est possible de conquérir le monde de la mode sans renier son identité ni ses convictions.

Au travers de sa collection “Tarantula”, il tient à démontrer que la haute couture n’est pas l’apanage d’une élite.

“Il est crucial de partager la beauté de l’identité alors que tant de nos identités sont attaquées”, insiste le créateur. “Nous devons utiliser la mode pour nous assurer de ne pas oublier ce qui est vraiment important.”

Dans la nef de cette première église américaine fondée hors des États-Unis, Chavarria nous a tous conviés à une forme de communion moderne, où la mode transcende son rôle d’apparat pour devenir un vecteur de changement social.

Du barrio aux marches de la cathédrale, son message d’amour et d’inclusion s’élève, porté par des vêtements qui ne sont autres que des étendards d’une révolution stylistique en marche.

Coordination et contenu médiatique : Demona Lauren
Photographie exclusive : Pxrte_Photo, DL Team, en direct de Paris

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Posted by:Demona Lauren

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